Les yeux rivés sur l’écran d’ordinateur, Maxime* fait défiler les photos. Des compétitions en Bretagne, un championnat de France. Nous zoomons sur un individu robuste en costume noir impeccable, la main posée sur le tableau d’affichage des scores. Sur l’image suivante, le même homme prend la pose au milieu de jeunes champions. Le voici encore, plus âgé, la soixantaine passée, micro à la main, animant un tournoi de tennis de table. Sur une dernière photo, il est encore là, en tenue officielle d’un club brestois, aux côtés de deux garçons âgés d’une douzaine d’années.
A des centaines de kilomètres de Brest (Finistère), sur les rives du Rhône, Maxime reste impassible. Ces clichés et la nouvelle vie d’Yves R., son violeur, il ne les connaît que trop bien. Plusieurs fois, le quadragénaire a songé à demander des comptes aux dirigeants du club et de la Fédération française de tennis de table (FFTT), pour leur rappeler les antécédents de l’individu qu’ils emploient. « Mais je n’avais pas de haine, explique-t-il. Maintenant que j’ai des gamins qui ont l’âge que j’avais quand ça s’est passé, j’en ai un peu plus… »
Avec ce père de famille, enseignant dans un lycée de l’agglomération lyonnaise, nous sommes retournés sur la colline de la Croix-Rousse, à Lyon. Là où tout a débuté. « Rien n’a changé », souffle-t-il en s’arrêtant devant le gymnase Maurice-Scève où pratiquent toujours de nombreux pongistes lyonnais.
A Lyon, le gymnase où Yves R. entraînait Maxime a la fin des années 1980. ©Martina Cirese
Le cauchemar de Maxime démarre en 1988. Alors âgé de 11 ans, le garçon s’entraîne à l’ALCR, l’un des plus prestigieux clubs de ping-pong de la ville. Talentueux, il se qualifie pour les finales nationales à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), qui ont lieu à Paris. Durant ce déplacement, son entraîneur de 35 ans s’organise pour dormir dans le même lit que lui. « C’est là où il a commencé », se souvient Maxime.
Pendant près de trois ans, Yves R. lui impose des « séances spéciales » après chaque entraînement hebdomadaire. « Il me disait que c’était pour améliorer mes performances sportives, j’étais con », rembobine le quadragénaire, amer. Les agressions ont en partie lieu à l’internat Favre – spécialisé dans l’accueil de jeunes en difficultés familiales – où Yves R. est surveillant. Mais aussi lors de colonies de vacances organisées en Bretagne par l’entraîneur de ping-pong.
Un décompte établi par Maxime fait état de 150 attouchements, avec ou sans fellation, et 20 actes de sodomie. Lors de l’enquête judiciaire, plus de douze ans après les premières agressions, Yves R. admettra partiellement les faits, mais niera leur fréquence. Il reconnaîtra aussi des actes sexuels commis sur au moins cinq autres garçons mineurs. Dont Patrick*, ancien joueur du club de tennis de table de la Croix-Rousse aujourd’hui installé dans le Sud de la France. « J’avais 11 ans. Avec deux amis du club, il nous emmenait chez lui et prenait des photos de nos sexes. En échange, il nous donnait des billets de 100 ou 200 francs », confie-t-il à Disclose. Ni lui ni les quatre autres enfants n’ont porté plainte.
Maxime, 43 ans, devant le gymnase Maurice-Scève, à Lyon. ©Martina Cirese
Pendant l’adolescence, Maxime reste muré dans le silence. Et puis, que faire ? Yves R., éducateur charismatique, respecté et reconnu, est aussi devenu un proche de la famille. Il s’invite à dîner, prend régulièrement des nouvelles, envoie des cartes postales. « Il était devenu un vrai ami… Je me disais que j’en parlerais quand mes parents seraient morts », raconte-t-il.
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Yves R. finit par quitter Lyon pour la Bretagne au milieu des années 1990. Il obtient un poste de directeur de la maison de l’enfance à la mairie du Relecq-Kerhuon, dans la banlieue de Brest, et prend la présidence du club de ping-pong local.
Mais son passé finit par le rattraper car, devenu adulte, Maxime a décidé de parler. D’abord à son frère aîné. Le 17 janvier 2000, il lui adresse une lettre. « De ma part, c’est peu habituel, écrit-il à tout juste 23 ans. Tu l’as compris, il s’agit d’une chose évidemment assez grave qui me préoccupe et je me tourne vers toi car tu es mon grand frère et que je te fais entière confiance. » Et plus loin : « Yves R., soi-disant “entraîneur formidable”, si gentil… est en fait pédophile et j’ai été de 11 à 14 ans l’une de ses victimes que je pense nombreuses. » Il porte plainte dans la foulée. Lorsque Yves R. revient à Lyon, c’est pour y être jugé devant une cour d’assises.
« Je ne suis pas entraîneur, je joue au ping-pong »
Après une procédure longue de six ans, le pongiste est condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, pour les multiples viols commis sur Maxime. A sa sortie, il s’exile à Brest. C’est là qu’il intègre le club TTC Brest Recouvrance où s’entraînent de nombreux enfants : il y organise des tournois et arbitre bénévolement des compétitions de la Fédération française de tennis de table (FFTT).
Malgré son lourd passé de pédocriminel, Yves R. a donc exercé au contact de mineurs pendant près de dix ans.
Joint par Disclose, il relativise son rôle au sein du club. « Quand dans une salle il peut y avoir des jeunes, c’est “bonjour, bonsoir”. Voilà… Je ne suis pas entraîneur, je joue au ping-pong. » De son côté, le président du club, Cyril Cotrel, soutient que le sexagénaire n’a jamais encadré d’enfants, ajoutant ne pas avoir eu à se plaindre de son comportement.
Contactée à plusieurs reprises, la Fédération française de tennis de table a fini par réagir le 9 décembre. A la question de savoir comment une personne condamnée pour une infraction sexuelle, en l’occurrence des viols, a pu exercer dans un club de ping-pong, Paul de Keerle, directeur général de la FFTT, rejette la responsabilité sur l’autorité judiciaire. Selon lui, « le problème c’est que l’information n’arrive pas jusqu’à la tête de la fédération ». En réaction aux questions de Disclose, la fédération a décidé d’agir durant le week-end du 7 et 8 décembre. « La licence d’Yves R. a été suspendue à titre conservatoire. Il ne peut plus participer à aucune compétition », annonce le directeur général. Avant de souligner en guise de conclusion : « La position de la présidence de la fédération est claire. Un adulte condamné pour agression sexuelle sur mineur ne peut plus croiser de jeunes en compétition. » Encore faut-il sensibiliser les dirigeants de ligues régionales, comités départementaux et clubs de ping-pong à la lutte contre les violences sexuelles.
- 77% En poste malgré une condamnation ou des poursuites judiciaires
L’enquête de Disclose révèle que plusieurs dizaines d’éducateurs sportifs, à l’image d’Yves R., sont toujours en poste malgré une condamnation ou une procédure judiciaire en cours. Un phénomène qui souligne le manque de respect grave et répété des interdictions d’exercer au contact de mineurs. Et la méconnaissance absolue de la loi de la part des dirigeants sportifs. En particulier de l’article 212-9 du code du sport qui interdit à toute personne condamnée pour une infraction sexuelle d'exercer une fonction d’encadrant, d’enseignant ou d’animateur sportif. Le directeur général de la Fédération française de ping-pong a par exemple admis lors de notre entretien téléphonique qu’il ne connaissait pas cet article du code du sport.
Le judoka, l’ADN et la médaille
A cet égard, une autre affaire est emblématique. Celle de Mustapha El Hadifi, un entraîneur de judo de la région de Colmar. Le 5 février 2004, lors d’un entraînement dans un club de village, l’homme de 38 ans agresse l’une de ses élèves, âgée de 13 ans. Deux jours plus tard, la famille porte plainte.
En dépit des faits reprochés, le judoka bénéficie de nombreux soutiens dans le petit monde du judo alsacien. « C’était un gars bien, aimé par tout le monde, par tous les sportifs, relate Jean-Pierre Wiss, l’ancien président d’un club où intervenait l’éducateur. On a même fait des pétitions de soutien. » En 2007, Mustapha El Hadifi est condamné à deux ans de prison, dont un an avec sursis, pour agression sexuelle sur mineure. Il écope également d’une interdiction d’exercer auprès des enfants.
Fait rare, l’accusé a été confondu par son ADN, retrouvé sur la culotte de l’adolescente, au niveau de l’entrejambe. « Le pantalon de kimono se porte en principe fortement serré autour de la taille, peut-on lire dans l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Colmar. L’hypothèse d’une introduction – fût-elle partielle – de la main dans le pantalon, a fortiori dans la culotte portée sous ce dernier effet, est plus qu’improbable dans le contexte d’une simple séance d’entraînement. »
Le podcast de l'affaire : « Le judoka, l'ADN et la médaille »
Joint par téléphone, l’agresseur dit avoir « payé et souffert ». Mais nie toujours les faits : « J’avais quand même derrière mois une trentaine d’années d’enseignement et j’ai en moyenne deux cents élèves par année… Une seule fille m’accuse, sur tant de filles. C’est une histoire de village. Ce n’est pas ça qui va arrêter ma vie, mon travail et ma passion. »
En effet, peu de temps après sortie de prison, Mustapha El Hadifi retrouve un poste d’entraîneur au club des Arts Martiaux de Colmar. « J’étais directeur technique du club et entraîneur pendant quelques années pour les adultes », se défend-t-il. Plusieurs témoins rencontrés par Disclose assurent qu’il entraînait également des mineurs. « Il lui était impossible de respecter son interdiction puisqu’il y avait aussi des mineurs dans les cours pour adultes qu’il dirigeait », affirme notamment Alfred Rosenzweig, ancien président de la ligue de judo d’Alsace. Aujourd’hui, et depuis plusieurs années, Mustapha El Hadifi a retrouvé un poste d’entraîneur auprès d’enfants.
« La justice a fait son travail, il a été condamné, il n’y a rien de plus à dire, déclare Stéphane Panetta, le président du club colmarien et employeur de celui dont il fut l’élève. La vie a repris son cours et je peux vous garantir qu’on n’a aucun problème avec cette personne, que ça se passe très bien au niveau des cours. On fait partie des meilleurs clubs régionaux et c’est grâce à son investissement. Il faut respecter ça, il faut respecter l’homme. »
« Une erreur manifeste »
Consécration suprême, Mustapha El Hadifi a reçu en 2018 des mains du président de la Fédération française de judo (FFJDA), Jean-Luc Rougé, une palme de bronze. Une décoration distinguant les techniciens qui ont « un rayonnement sur l’ensemble de la région (…) sont respectueux des valeurs et savent se maîtriser », comme l’indique le guide des récompenses rédigé par la Fédération. Cinq ans plus tôt, le judoka avait déjà obtenu la médaille de bronze de la ville de Colmar. L’office des sports de la commune n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Dans le sillage de l’enquête menée par Disclose, la FFJDA a fini par reconnaître « une erreur manifeste de discernement ». Jean-René Girardot, le vice-président et secrétaire général de la Fédération, annonce à Disclose que les instances dirigeantes du judo français ont retiré le 18 novembre la palme de bronze à Mustapha El Hadifi. La responsable de la commission des distinctions de la ligue Grand Est de judo a pour sa part démissionné. Concernant le maintien en poste du judoka auprès d’enfants, Jean-René Girardot estime que « la Fédération ne dispose pas du pouvoir de police pour empêcher ou interdire à quiconque d’enseigner une activité physique sur le territoire français ». Elle peut néanmoins demander des comptes à l’employeur, en l’occurrence le club de Colmar.
Quant à la préfecture du Haut-Rhin, pourquoi ses services n’ont-ils pas réagi au cas El Hadifi ? Interrogée, la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) explique qu’une vérification des antécédents des éducateurs salariés est réalisée automatiquement une fois par an. L’alerte se déclenche lorsque le système décèle qu’une carte professionnelle coïncide avec une mention au bulletin numéro 2 du casier judiciaire. Or, celui de Mustapha El Hadifi aurait été effacé. « Sur le B2, il s’est débrouillé, d’une façon ou d’une autre pour qu’il n’y ait rien », indique Laurent Dupuy, inspecteur à la DDCSPP du Haut-Rhin. En clair, il a pu être automatiquement réhabilité ou faire une demande anticipée.
« On m’avait vaguement dit qu’il y avait un problème »
Aux quatre coins de la France et jusqu’en outre-mer, nombreux sont les éducateurs sportifs toujours en activité malgré de graves condamnations en justice.
- En 2014, un entraîneur de boxe de la région Grand Est est condamné pour agression sexuelle sur une jeune fille. Ce dernier, qui a écopé d’une peine de trois ans de prison avec sursis assortie d’une interdiction d’exercer au contact de mineurs pendant dix ans, est l’entraîneur de boxe principal d’un club omnisports de la région. Joint par téléphone, le coach jure qu’il entraîne « uniquement des adultes ». Il ajoute : « Depuis ma condamnation, je me suis tenu à carreau, je ne veux pas retourner en prison. » Contactée, la Fédération de boxe n’a pas donné suite.
- De l’autre côté de l’Atlantique, en Guadeloupe, Rod Dabriou entraîne de jeunes talents de l’athlétisme français au sein du Monster Club Athlé. Il compte notamment parmi ses élèves la championne du monde junior de saut en longueur, Yanis David. Rod Dabriou a pourtant été condamné en octobre 2019 à deux ans de prison ferme pour une agression sexuelle sur une jeune fille de 16 ou 17 ans – il a fait appel et reste présumé innocent. Durant les deux années qu’a duré l’enquête judiciaire, aucune mesure préventive n’a été prise. Interrogée par Disclose, la Fédération française d’athlétisme (FFA) indique qu’aucune « information sur cette affaire n’a été remontée au niveau fédéral et aucune saisine de la commission de discipline n’a été faite ». Sur l’absence de mesures prises durant la mise en examen, la FFA avance « qu’une mise en examen est différente d’une condamnation ».
- Le 29 mai 2018, une triathlète bretonne de 21 ans confie aux dirigeants de son club qu’elle aurait été victime d’une agression sexuelle de la part de son entraîneur deux ans plus tôt. Mais rien ne bouge. « Je n’avais aucune preuve et la personne ne portait pas plainte », justifie un ancien dirigeant contacté par Disclose. Face à l’inertie des instances locales de triathlon, la jeune femme porte plainte un an plus tard, le 27 mars 2019. Entre temps, une autre sportive a porté plainte contre le même homme. Pour viol cette fois. Les faits auraient eu lieu lorsque Pauline* n’avait que 15 ans. « Le 21 janvier 2018, on devait aller à une course ensemble. Il s’est arrêté sur une route de campagne et m’a fait monter à l’arrière de son camion », nous confie l’adolescente éprouvée. Elle poursuit : « Je n’ai jamais dit autant de fois “non” de ma vie… ». Près d’un an s’écoule avant qu’elle ne se décide elle aussi à porter plainte à Lorient, dans le Morbihan.
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Pauline, 15 ans, accuse de viol son ancien entraîneur de triathlon.
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Son agresseur présumé a conservé sa licence de triathlète en dépit des soupçons. Il exerce toujours comme entraîneur en Bretagne. ©Martina Cirese
- Les responsables des instances de triathlon, eux, ne cessent de se renvoyer la balle : le club se plaint du manque de soutien et d’informations transmises par la ligue ; la ligue affirme que c’est au club qu’incombait la responsabilité d’agir. « Nous, on est pieds et poings liés tant que la justice n’a pas fait son travail », déclare Andrée Vidil, au courant des deux affaires. En réalité, la présidente de la ligue de Bretagne aurait pu suspendre la licence du triathlète. Ce dernier n’a toujours pas été entendu par la police. Contacté, il conteste « plus que jamais » les faits qui lui sont reprochés. Selon nos informations, il a conservé sa licence et continue à exercer comme coach en Bretagne.
- En Bretagne, l’entraîneur de tennis Bruno Balbine a été condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, pour viol et agression sexuelle sur une fillette de 12 ans, en 1999. Contacté, le tennisman explique qu’il s’agissait d’une relation consentie : « Ça n’excuse rien, mais elle était amoureuse de moi. » Interdit d’exercer auprès de mineurs pendant une période de dix ans, Bruno Balbine a repris les entraînements avec des enfants une fois cette interdiction révolue. Fin 2019, et malgré l’article L212-9 du code du sport interdisant l’encadrement d’une activité sportive après une condamnation pour viol, il entraînait toujours des mineurs à Milizac et Porspoder, dans le Finistère. Joint par téléphone, Laurent Bernard, le président du club de Milizac admet qu’il était au courant des antécédents judiciaires de Bruno Balbine mais assure qu’il « n’a qu’une jeune fille dans son groupe » et que ses parents « ont été prévenus ». Suite à nos questions, il assure que l’entraîneur sera « encadré par d’autres personnes ». Quant à Nelly Herry, la présidente du club de Porspoder, elle jure ne pas être au courant de la condamnation : « On m’avait vaguement dit qu’il y avait eu un problème, mais que la plainte avait été retirée. » Cette dernière déclare à Disclose qu’elle va « convoquer les membres du bureau pour statuer » sur ce cas. Ni la présidente du club de Porspoder ni Laurent Bernard à Milizac ne connaissaient l’existence de l’article L212-9 du code du sport. Enfin, du côté de la Fédération française de tennis, on assure n’avoir jamais été informé de cette « situation parfaitement anormale ». Jean-François Vilotte, le directeur général de la Fédération, s’est engagé auprès de Disclose à prendre « contact avec la direction régionale de la jeunesse et des sports et regarder quelle est la situation de cette personne ».
- En Isère, dans la banlieue de Grenoble, un cas nous a interpellés. En 2016, Patrice Veille, le directeur technique de l’ESSM Judo de Saint-Martin d’Hères, est condamné en appel à dix-huit mois de prison avec sursis pour agression sexuelle sur mineur. Il écope aussi d’une interdiction d’exercer au contact des enfants pendant cinq ans. L’arrêt est confirmé par la Cour de cassation l’année suivante. Malgré tout, le judoka est resté directeur technique du club jusqu’à sa condamnation en appel et aurait encadré des stages de judo avec des mineurs en Inde, en 2016 et 2017. Gisèle Gonzalez, la présidente du club défend bec et ongle celui qui fut son entraîneur. Selon elle, « il a fait l’objet d’un complot ». Aujourd’hui, Patrice Veille exerce toujours des fonctions au sein du club. « Je n’ai qu’un rôle administratif », affirme-t-il à Disclose. Il nie les faits qui lui sont reprochés et dit avoir porté un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme.
- Dans la région Aquitaine, une mère de famille alerte la Fédération handisport qu’un homme condamné à deux reprises exerce dans leur rang. Pour preuve, en août 2011, elle envoie aux instances nationales un article de presse rendant compte de son dernier procès à Bordeaux, en 1996. A l’époque, Jean-Marc D., ancien manager de l’équipe de France de handibasket, a été condamné à six mois de prison pour corruption de mineur. Il avait été condamné quatre ans plus tôt à deux ans de prison avec sursis pour attentat à la pudeur sur mineur. Disclose a récupéré les deux jugements et retrouvé des témoins : l’entraîneur a fait au moins quatre victimes de moins de 15 ans. Pourtant, huit ans plus tard, il officiait comme manager du pôle jeune d’handibasket et responsable administratif au Creps d’Aquitaine. En 2016, il décroche même tous les honneurs : il est le seul représentant de la France auprès des instances européennes pour les compétitions internationales. Il faut attendre le mois d’avril 2019 et l’intervention de l’association La Parole libérée, connue pour ses actions médiatiques face à l’Eglise, pour que la Fédération réagisse. En juin, Guislaine Westelynck, la présidente de la Fédération jure que son bulletin n°2 du casier judiciaire a été vérifié et qu’il est vierge. Il n’empêche : Jean-Marc D. est poussé vers la sortie. Dans le même temps, des articles à sa gloire sont retirés du site handisport.org. A l’image de ce portrait relatant sa façon d’« endosser le rôle de papa ou de grand frère de substitution » auprès des jeunes pratiquants de handisport.